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Revue de Style : Louis-Géraud Castor

Louis-Géraud Castor

Louis-Géraud Castor a souvent ressenti de la frustration au cours des deux décennies passées à travailler dans le commerce des antiquités : « Il était vraiment difficile de trouver les fleurs simples que j’aimais et que je voyais dans les intérieurs du XXe siècle », se souvient-il.

Ainsi, en 2017, Castor a troqué les designs Art déco contre des amaryllis et des anthuriums. Pensées pour s’intégrer naturellement aux côtés d’une lampe Jean-Michel Frank des années 1920 ou d’une table laquée Elizabeth Eyre de Lanux, ses compositions à la fois sobres et percutantes ont rapidement attiré l’attention des esthètes d’aujourd’hui, de Gaia Repossi à Nadège Vanhee-Cybulski chez Hermès.

Ci-dessous, le fleuriste préféré du monde de la mode en France partage les fleurs idéales pour chaque intérieur ainsi que ses meilleurs conseils pour composer son propre bouquet.

Louis-Géraud Castor

Louis-Géraud Castor Instagram

Comment vous êtes-vous intéressé aux antiquités ?

Très jeune, j’ai commencé à fréquenter Drouot-Montaigne à Paris avec mon père, qui était commissaire-priseur. C’était la première grande maison de ventes aux enchères en France ; à l’époque, Christie’s n’avait pas encore le droit d’y vendre.

En 1987, mon père et ses associés ont organisé la vente de la collection de Georges Renand, ancien président de La Samaritaine. Sa collection comprenait des Van Gogh, La Conversation de Matisse et La Femme à la cravate noire de Modigliani. J’avais 14 ans, et j’étais entouré de toutes ces œuvres d’art. C’était un moment très marquant pour moi.

Par la suite, j’ai étudié l’histoire de l’art à La Sorbonne, avant de commencer à travailler dans une galerie.

 

Quelle était votre spécialité ?

Pendant plus de 20 ans, je me suis spécialisé dans l’Art déco français du XXe siècle – la période du couturier Jacques Doucet et de designers comme Jean-Michel Frank, Eileen Gray et Pierre Legrain, qui ont incarné l’invention du modernisme. J’adorais particulièrement les femmes designers de ce mouvement.

En 2013, j’ai publié un livre sur Elizabeth Eyre de Lanux, une décoratrice américaine fascinante qui s’est installée à Paris en 1919. Elle est devenue amie et collaboratrice d’Eileen Gray et d’Evelyn Wyld.

Louis-Géraud Castor

Louis-Géraud Castor Instagram

Collectionnez-vous encore des antiquités ?

Je suis toujours passionné par l’art et les objets, et je garde un œil attentif sur les maisons de ventes aux enchères.

J’ai vendu une grande partie de ma collection pour devenir fleuriste et ouvrir mon studio, mais j’ai conservé une lampe des années 1920 créée par Jean-Michel Frank et Adolphe Chanaux.

Frank a inventé le concept de « luxe pauvre », utilisant des matériaux très bruts – quartz, pierre, obsidienne (un verre volcanique qui ressemble à du cristal noir) – pour ses lampes.

Je n’ai pas arrêté [les antiquités] par manque d’intérêt, mais parce que trouver de nouvelles pièces est devenu presque impossible. La plupart avaient été redécouvertes dans les années 70, et d’ici 2020, les maisons de ventes ont pris le dessus sur les marchands.

Aujourd’hui, si quelqu’un possède une pièce importante, il ira directement chez Sotheby’s ou Christie’s, car c’est plus prestigieux et plus rassurant que de vendre à un galeriste.

Évidemment, le Brexit a aussi compliqué les choses, car beaucoup de mes clients étaient à Londres

 

Pourquoi avoir choisi de vous tourner vers les fleurs ?

Quand j’étais marchand d’art, j’achetais des fleurs tous les vendredis pour marquer le début du week-end. Mais il était très difficile de trouver les fleurs simples que j’aimais et que l’on retrouvait dans les intérieurs du XXe siècle.

Dans les décors de Jean-Michel Frank, par exemple, les compositions florales étaient très sophistiquées, mais souvent monochromes, tout en blanc. Chez Charles et Marie-Laure de Noailles, les fleurs semblaient fraîchement cueillies dans un jardin.

Pour l’appartement d’Helena Rubinstein, l’architecte anglais David Hicks avait même retiré les feuilles des lys jaunes, créant un impact visuel qui s’harmonisait aussi bien avec son art africain que ses toiles de Dalí.

Je trouvais étrange que des personnes au goût impeccable pour la décoration aient souvent des fleurs affreuses. Elles investissent dans un canapé Jean Royère chez Galerie Jacques, mais mettent ensuite des roses roses dans un vase médiocre sur leur table basse. Alors, je me suis dit : je peux peut-être y apporter quelque chose.

Louis-Géraud Castor

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Quelles sont vos fleurs préférées ?

J’aime les tulipes, car ce sont des fleurs magnifiques qui peuvent complètement se transformer. Il existe une variété qui commence blanche porcelaine et devient rose après huit jours. La transformation est fascinante : changement de couleur, de forme, de texture… C’est une période de grâce.

C’est pour cela que je privilégie les fleurs locales et de saison, qui tiennent plus longtemps que celles venant de loin. Les gens adorent les pivoines, par exemple, mais je leur rappelle toujours que ce n’est possible qu’au printemps. Celles du sud de la France, en saison, s’ouvrent le jour et se referment la nuit. C’est magnifique.

 

Comment composez-vous vos arrangements ?

C’est un peu comme lorsque j’étais antiquaire, et que j’allais tous les matins aux puces pour trouver de nouvelles pièces.

Aujourd’hui, je vais au marché aux fleurs chaque jour, et mes compositions dépendent de ce que je trouve :

  • Les couleurs
  • Les textures
  • Les matières

J’aime créer un impact visuel avec la couleur, alors j’associe souvent deux teintes juxtaposées. Je m’inspire aussi beaucoup de l’art, que ce soit l’abstraction, les reliefs en éponges d’Yves Klein, ou encore les peintures du XVIIe siècle, les bouquets impossibles, qui combinaient des fleurs poussant à différentes saisons. À l’époque, c’était une fantaisie ; aujourd’hui, on peut réellement créer ce genre de bouquet.

 

Quels types de vases utilisez-vous ?

Pour moi, il est essentiel d’utiliser un vase en céramique :

  • Il garde l’eau très froide, ce qui prolonge la durée de vie des fleurs.
  • Il cache la base des tiges, qui n’est pas toujours très esthétique.

Quand j’étais marchand d’art, j’achetais beaucoup de céramiques du XXe siècle, comme celles de Jean Besnard. Mais en devenant fleuriste, j’ai choisi de ne travailler qu’avec des céramiques contemporaines.

Très vite, j’ai découvert Mathilde Martin sur Instagram. Ses créations me rappellent les designs de Giacometti pour Jean-Michel Frank.

J’adore aussi les céramiques de Raquel Zimmermann, qui sont totalement différentes : elles évoquent Gaudí, Miró et George E. Ohr, un génie américain du début du XXe siècle, encore méconnu aujourd’hui.

 

Avez-vous des conseils pour réaliser ses propres compositions ?

L’idéal est de faire quelque chose de très simple, comme un bouquet des fossés, ces fleurs sauvages que l’on cueille en traversant la campagne. Un bouquet peut être composé d’une seule variété de fleurs. Si l’on veut un résultat plus abstrait ou sophistiqué, il est intéressant de travailler une seule couleur, car il existe des milliers de nuances dans une même teinte.

Par exemple, pour un bouquet rose, on peut associer :

  • Des pois de senteur
  • Une branche de cerisier en fleurs
  • Du prunus

Comme on dit, un bon fleuriste est avant tout un bon coloriste.

Louis-Géraud Castor

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Image d'une femme avec des sacs à main

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