Revue De Style: Victoire de Castellane

"Je puise mon inspiration dans la relation que j'entretiens avec le monde extérieur... une image arrive comme un flash et ensuite toute la collection s’enchaîne... "

Victoire de Castellane, génie créatif à l’origine de crânes en chrysolite et calcédoine ainsi que d’abondantes collections de roses aux couleurs de l'arc-en-ciel pour Dior ces vingt dernières années, est attirée par les bijoux audacieux pratiquement depuis sa naissance : "J'ai toujours été passionnée par les bijoux de couleur qui font du bruit lorsque l’on bouge avec", a déclaré à RE-SEE cette parisienne pure souche, dont le penchant pour les accessoires qui en mettent plein la vue remonte à ceux que portaient sa grand-mère, Silvia Hennessy, comtesse de Castilleja.

Sa fantaisie singulière et envoûtante - associée à une hérédité mode chanceuse (son oncle, Gilles Dufour, était le bras droit de Karl Lagerfeld) - la conduit au 31 rue Cambon. Lorsque Karl est chargé peu après de donner un nouveau souffle à la maison de couture française, Victoire n’a que 19 ans, et c’est là qu’elle fait ses premiers pas en tant qu’assistante du regretté designer. Quelques années plus tard en 1987, le New York Times écrit : "Hier dans les coulisses du défilé Chanel, les mannequins passaient autant de temps à regarder Mademoiselle de Castellane qu'à se regarder elles-mêmes. Les équipes de tournage ne la quittaient pas des yeux non plus."

Karl Lagerfeld aussi était sous son charme : des détails de ses tenues comme tout droits sortis de “Eloise au Plaza” - des tutus noirs, de la fausse fourrure de léopard et des serre-têtes à gros noeuds - se retrouvaient souvent sur le podium de Chanel, tout comme Victoire elle-même. "Elle suit les règles que j'aime le plus dans la vie" déclare Karl. "Ne pas se comparer. Ne pas faire de compétition. Il suffit de la regarder. Vous aurez tout compris."

"C'était super excitant et amusant. Il y avait beaucoup de liberté et Karl l'encourageait dans l'extravagance", se souvient-elle lorsqu’elle évoque ses quatorze ans à la tête de la bijouterie fantaisie chez Chanel. C’est cette période qui permis à Victoire de Castellane de s'imposer comme l'une des créatrices les plus novatrices de la capitale, grâce à d’extraordinaires créations, y compris des giga colliers de perles et des boucles d'oreilles à franges roses ornées de pierres et de breloques siglées Chanel (comprendre un sac à main matelassé et un flacon Chanel n°5). 

Et puis Dior est entré dans sa vie. En 1998, Victoire de Castellane est nommée directrice de la création de la Haute Joaillerie de la Maison, poste qu'elle occupe encore aujourd'hui. Avec des références allant du jardin de Milly-la-Forêt de Christian Dior au Technicolor, aux dessins animés de Walt Disney en passant par des personnages de manga, son œuvre délicieusement originale lui a valu une Légion d'Honneur, des expositions personnelles à la Gagosian Gallery et son propre livre, Dior Joaillerie : Le A à Z de Victoire de Castellane. Son travail, enfin son oeuvre, continue de croître en ampleur, en taille et, bien sûr, en fantaisie. Alors pourquoi s'arrêter ? Comme elle le dit elle-même, "les bijoux sont l'accessoire le plus précieux qui soit. Comme un tatouage, ils font partie de la personne qui les portent."

mots confiés à Zoe Ruffner

Voir la Sélection de Victoire