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Revue de Style : Alyssa Kapito

The Style Series: Alyssa Kapito

Crédits photo : Fujio Emura

Il y a peu de designers d'intérieur capables d’harmoniser aussi bien l’ancien et le moderne qu'Alyssa Kapito. Qu’elle travaille sur une maison de ville à Greenwich Village — comme on peut le voir dans le récent ouvrage Alyssa Kapito: Interiors publié par Rizzoli — ou sur son propre duplex dans l’Upper West Side, cette ensemblier formée chez Sotheby’s compose des ensembles visuels où se mêlent trésors intemporels — des tapis Giacometti aux tabourets Le Corbusier en passant par les tables basses Jean Royère. 

Comme elle le dit si bien : « Une pièce sans vintage n’a pas d’âme. »

 

Comment êtes-vous entrée dans le design d’intérieur ?

J’ai suivi un parcours artistique pendant très longtemps. J’ai fait des stages chez Christie’s et Sotheby’s pendant mes études, puis j’ai obtenu un master en art de la Renaissance, mais j’ai toujours adoré l’aménagement intérieur. Quand j’étais enfant, ma mère m’emmenait chiner des antiquités, même si je ne savais pas encore que le design d’intérieur était un véritable métier. Petit à petit, c’est devenu une obsession, et un jour mon mari m’a dit : « Pourquoi ne pas essayer pendant un été ? » Ça a été le déclic. 

Je suis totalement autodidacte — je n’ai jamais fait d’école spécialisée — mais ce que je préfère, c’est collectionner et explorer l’histoire des objets. Le design français du milieu du XXe siècle est mon domaine de prédilection.

 

Comment mélangez-vous l’ancien et le moderne ?

Je dirais que mon approche est un ratio de deux pièces anciennes pour une pièce moderne. Mon style est un néoclassicisme revisité, une interprétation plus contemporaine de l’esthétique européenne des années 50. Je mélange donc des pièces sur-mesure et antiques et collabore parfois avec des artistes contemporains comme Jacques Jarrige. Je fais aussi beaucoup de tapissierie sur-mesure : par exemple, j’achète des canapés neufs, mais je les associe à des fauteuils anciens.

 Les antiquités dominent toujours légèrement dans mes intérieurs.

Quelles pièces collectionnez-vous ?

Mon domaine d’expertise couvre le design français, italien et danois des années 50. À cette époque, il y avait une vraie recherche sur la forme, aussi bien dans le mobilier que dans la mode ou l’art. Par exemple, une simple chaise devient un objet fascinant dans les années 50. Je suis aussi très attirée par l’artisanat japonais en bois, que je trouve à la fois d’une extrême simplicité et d’une immense sophistication. Il y a un respect du travail manuel qui s’est un peu perdu ailleurs. Récemment, je me suis beaucoup intéressée aux plateaux et petits objets en bois japonais, qui sont minutieux et absolument parfaits.

Avez-vous des règles pour choisir une pièce ?

C’est la même règle que pour la mode : si, une semaine après, vous continuez à y penser, c’est que ça vaut la peine.

Je vois beaucoup de belles choses, mais j’en oublie certaines rapidement, car je suis sans cesse en train de chercher. Mais parfois, il y a ce moment où je tombe amoureuse d’une pièce. À ce stade, plusieurs critères doivent s’aligner : elle doit avoir une vraie utilité, être dans mon budget et avoir une forme qui me fascine.

 

À quel point l’état d’un objet est-il important ?

Il est crucial de bien comprendre le marché et de savoir comment restaurer une pièce. Les artisans capables de restaurer correctement des antiquités de grande valeur sont rares, et cela représente un investissement important. Pour la plupart des acheteurs, il vaut mieux acheter une pièce en bon état vintage.

Si vous cherchez une bonne affaire, faites le strict minimum pour la rendre présentable au lieu de risquer une restauration excessive. Une pièce trop restaurée perd son authenticité. C’est un peu comme en mode : si vous faites nettoyer à sec une veste Chanel et que les boutons d’origine sont remplacés par des copies trop neuves, la magie disparaît. Quand j’achète une pièce vintage, je veux qu’elle ait vécu. Même en parfait état, elle ne doit jamais paraître neuve.

 

Quel est votre processus de recherche ?

Je trouve des pièces partout, mais le dernier endroit où j’irais, c’est un marché aux puces : 99 % des objets sont sans intérêt, et il faut un temps fou pour dénicher la perle rare. Je consulte constamment les ventes aux enchères de design et d’art contemporain en ligne et note les dates importantes.

Si je cherche une pièce précise, j’ai un réseau de marchands que je peux solliciter. Récemment, j’avais désespérément besoin d’un deuxième tabouret identique à celui que j’avais déjà. J’ai posté une annonce sur Instagram et quelqu’un m’a répondu. J’ai payé trop cher, mais au moins, j’ai arrêté de chercher.

 

Doit-on acheter une pièce même si on n’a pas de place pour elle ?

Certains achètent en prévision d’un futur projet, mais je pense qu’il vaut mieux acquérir une pièce si l’on sait où la mettre.
Parfois, on peut détourner son usage, comme utiliser une table ronde en guise de bureau, mais l’idéal reste de se concentrer sur les objets que l’on peut utiliser immédiatement. Il vaut mieux vivre avec un objet que de le laisser en stockage.

 

Quelle est votre plus belle trouvaille ?

Un fauteuil “Ondulation” de Jean Royère que j’ai acheté chez Phillips. C’est une pièce iconique. J’ai aussi fait une très bonne affaire sur un lot de vases de George Jouve et récemment, j’ai trouvé le livre The House that Jack Built de Maja Hoffmann. Certains le vendent 4000 dollars, et je l’ai eu pour 500 dollars sur eBay après des années de recherche.

 

Quelle est la pièce que vous regrettez de ne pas avoir achetée ?

Un bureau de Jean Prouvé et Jules Leleu dans une vente aux enchères. Je savais que c’était une excellente affaire, mais comme je n’avais pas de place, je ne me suis pas lancée. Il est parti pour une misère et sa valeur a été multipliée par 200 depuis.

 

Avez-vous des conseils pour se constituer une collection vintage ?

  1. Définissez ce que vous aimez. Faites des recherches comme vous le feriez pour une garde-robe, trouvez des pièces qui vous inspirent et identifiez leurs créateurs. Apprenez à connaître le marché et les sources d’approvisionnement.
  2. Achetez uniquement ce que vous adorez. Il vaut mieux mettre son budget sur une pièce exceptionnelle plutôt que sur dix objets moyens.
  3. Apprenez à revendre. Pour continuer à collectionner, il faut parfois se séparer d’anciens objets — et si possible faire une plus-value pour en acquérir de nouveaux.

 

Un dernier mot ?

J’ai toujours été très attentive au vintage dans mes intérieurs, et maintenant je commence à vraiment l’intégrer dans ma garde-robe. Un look est toujours plus abouti avec une touche vintage, comme un bijou ou une pièce forte. Je ressens pour la mode ce que je ressens pour la décoration : sans vintage, il manque une âme.

Image d'une femme avec des sacs à main

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