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Backstage avec Frédéric Sanchez

Backstage with Frédéric Sanchez

Si vous avez déjà assisté à un défilé de mode ou en avez regardé un sur YouTube, il est probable que vous ayez été initié au travail de Frédéric Sanchez. Depuis sa collaboration avec Martin Margiela lors de ses débuts sur les podiums en 1989, le pionnier du design sonore français - ou illustrateur, comme il se définit lui-même - a marié le son avec le vestimentaire, devenant ainsi une véritable icône de l'industrie.

Après tout, qui d'autre peut créer un paysage sonore en apparence sans fin à base d'accords aériens et de rythmes électroniques dans le cas des défilés de Jil Sander, ou superposer si magistralement "I Hate Myself and Want to Die" de Nirvana, une reprise de "Nothing Compares 2U" de Sinead O'Connor et "I Put a Spell on You" de Nina Simone pour la collection printemps 2018 de sa collaboratrice fidèle Mme Miuccia Prada ?

Ici, Frédéric Sanchez revient sur sa carrière de plus de trois décennies et sa conception de la bande-son… 

"La musique a toujours été un moyen de parler de moi et de m'exprimer. Quand j'étais adolescent, je me suis beaucoup intéressé aux jaquettes des disques que j'écoutais et à la façon dont certains musiciens, comme David Bowie et Roxy Music, faisaient de la musique mais aussi manipulaient les images. De plus en plus, j'ai réalisé qu'avec la musique on pouvait raconter des histoires. Mais je ne savais vraiment pas où cela me mènerait - je ne pensais pas que j'aurais une carrière là-dedans. En fait, je ne savais pas du tout ce que j'allais faire ! J’avais peut-être l’idée de travailler dans un domaine artistique, mais je venais d'une famille qui n'avait aucun lien avec tout ça."

Backstage with Frédéric Sanchez

Je devais faire de très longues études à l'université, mais à la place, je suis devenu stagiaire dans un grand théâtre parisien, le Théâtre du Châtelet. C’était les années 80. Ils proposaient beaucoup de danse, ce qui était très nouveau. Le premier spectacle sur lequel j'ai travaillé, c'était Martha Graham, lorsqu’elle était encore en vie... Il y avait toutes ces jeunes compagnies dirigées par des gens qui étaient à la fois très intéressés par la musique, la mode et le théâtre. On ne s’intéressait pas qu’à un seul domaine, c'était très pluri-discipline. À l'époque, les designers japonais, comme Yohji Yamamoto, faisaient de très beaux catalogues avec de nouveaux photographes, comme Nick Knight et Max Vadukul, et le graphiste Peter Saville qui faisait aussi les pochettes d'albums de New Order, Joy Division, et des tas de groupes incroyables. Du coup, je me suis dit : « Puisque c’est comme ça, je vais aussi travailler dans la mode ». J'ai eu un autre job en tant qu'assistant RP chez Michèle Montagne qui s'occupait de la directrice artistique de Chloé, Martine Sitbon. Une fois, Martine a appelé et a dit qu'elle avait des problèmes avec sa musique. Je passais tout le temps des disques en studio, alors le lendemain Michèle m'a envoyé voir Martine et j'en ai apporté avec moi. À ce moment-là, je me suis dit : « Je vais faire quelque chose avec la musique ». Un an plus tard, un ami m'a présenté Martin Margiela pour son premier défilé.

Martin m'a invité chez lui et nous avons dîné ensemble. J'ai vu comment c'était chez lui, où il habitait... C'est aussi ma façon de travailler - je rentre vraiment dans la tête de quelqu'un... Je me souviens qu'il y avait cette table avec des serviettes en coton impeccables, très repassées, et puis il s'est mis à froisser le tissu. Du coup, le tissu a vieilli… Toute son histoire, c'était ça : il avait une certaine aptitude à jouer avec le passé. C'était très intéressant car la musique pour moi est toujours pleine de souvenirs. Nous avons donc commencé à travailler sur cette bande son très organique pour raconter l'histoire des vêtements. On a joué avec cette idée de collage de sons de mauvais enregistrements, comme un disque rayé.

Backstage with Frédéric Sanchez

C'était ma première bande originale, et ça n'allait pas être la dernière. J'avais trouvé ma voie et ma propre technique, qui était très nouvelle à l'époque parce qu'à la fin des années 80, il y avait encore cette manière couture de faire des défilés - ils étaient généralement très longs. Les chansons étaient mises les unes à la suite des autres de manière très aléatoire, ce n'était pas une bande son élaborée exprès du début à la fin. Je travaillais la musique presque comme si je faisais un film - ce n’étais pas du mixage, comme un DJ, mais quelque chose d'autre, quelque chose de plus organique. J’ai donné un nom à cette technique : une illustration.

Backstage with Frédéric Sanchez

Très peu de temps après, en 1989, j'ai été appelé par Jil Sander. J'ai commencé à travailler avec elle au début des années 90. C'était cette maison de couture - un mélange de quelque chose de très artistique et de très carré à la fois - mais elle m'a donné beaucoup de liberté. Il était désormais possible de créer des bandes sonores qui exprimeraient le niveau de qualité qu'elle souhaitait créer… Quand j'ai commencé à travailler avec Prada au milieu des années 90, je faisais des bandes sonores très minimalistes - j'utilisais souvent une seule chanson du du début à la fin, alors je ne gardais qu’une seule idée et le ja poussais au maximum.

Les bandes sonores ne commencent pas réellement par la musique; elles proviennent généralement de conversations. On ne parle pas forcément des vêtements au départ mais peut-être plutôt d'un film ou de l'espace du défilé, ce qui est très important car la façon dont on construit une bande son est liée à son environnement. Le processus est en quelque sorte très libre et abstrait, tout comme mon inspiration, que je saisis à un certain moment. Je cherche beaucoup sur internet et YouTube… Il y a deux ou trois ans, je regardais un concert de Nina Simone en 1976 en Suisse. Elle était sur le point de chanter cette chanson de Janice Ian qui s’appelle "Stars", mais tout à coup, elle s'arrête et commence à dire des choses étranges. Il y avait quelque chose de très sensible là-dedans – et puis quand elle commence vraiment la chanson, vous avez envie de pleurer. J'ai réalisé qu'elle essayait de mettre son public dans un certain état d'esprit, de créer une atmosphère pour son public. Je l'ai montré à Nadège Vanhee-Cybulski, directrice artistique d'Hermès, et j'ai commencé à mélanger le discours de Simone avec une vieille chanson de Janet Jackson. Le son a fini par être diffusé pendant l’un de ses défilés. C'est comme ça que je construis une bande son : j'entre dans l'univers d'un musicien et je le mélange avec d'autres choses, et du coup ça raconte une histoire.

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Il y a eu un moment où je commençais à travailler peut-être une semaine avant le défilé, mais maintenant j'aime travailler à l'avance. J'aime avoir la possibilité de faire quelque chose et de refaire différemment si je veux, de chercher et d'évoluer jusqu'au moment du show. Au cours des six ou sept dernières années, j'ai également commencé à composer de la musique pour les réseaux sociaux, car nous ne pouvons généralement pas utiliser la même bande sonore que celle que nous jouons dans les shows en direct. J'ai développé l'idée de faire quelque chose qui est tout aussi intéressant et à la fois intégralement composé. C’est une autre façon de travailler qui nécessite beaucoup de temps.

D'une certaine manière, les sons et la musique avec lesquels je travaille sont comme un sens, c'est comme mettre un parfum. Avec différentes senteurs, vous créez un parfum, et avec différentes musiques, vous créez une bande sonore. Comme le parfum, la bande sonore devient des souvenirs, des choses sensibles. C'est une sensation. Jil parlait toujours de la façon dont une chanson vous entoure vraiment lorsque vous l'écoutez dans une voiture. C'est vrai, souvent, dans une voiture, la musique a beaucoup de basses, et il y a quelque chose de très sensuel dans la façon dont le son bouge. Avec Jil, on a plus parlé de sons et de qualité des sons que de musique. Tu parles de la qualité de la musique, tu parles aussi de la qualité des vêtements. C'est aussi une sensation.

Chaque première fois que j'ai travaillé avec une maison a été mon projet préféré. Mon premier défilé Margiela était incroyable. Décider d'aller travailler à New York dans le milieu des années 90 était aussi vraiment très excitant. Ce n'était pas quelque chose que beaucoup de gens faisaient à l'époque, mais je voulais vraiment travailler avec Calvin Klein. Parallèlement, j'ai commencé à travailler avec Marc Jacobs. Ensuite, j'ai commencé à travailler sur des expositions, comme la rétrospective Jil Sander à Francfort en 2017. Ce n'est pas souvent qu'un musée donne à quelqu'un la possibilité de faire une performance avec le son. C'était une immense exposition de 3 000 mètres carrés. J'ai mis des sons partout dans l'espace et j'ai créé des logiciels pour faire vraiment bouger le son. C'était comme une architecture invisible entourant les gens avec des sons qui se déplaçaient et racontaient des histoires. C'est là que j'ai réellement développé l'idée du parfum et cette idée qu’un lieu devient très sensible à cause de ses sons. Je pense que j'ai eu beaucoup de chance car la musique est une passion que j'ai transformée en travail. Quand j'ai commencé ma carrière, j'ai soudainement pu créer en utilisant toutes les chansons que j'écoute depuis toujours. Ce qui est intéressant, cependant, c'est que j'ai créé de toute pièce le travail que je fais. Je fais mes propres trucs, mes propres techniques. C'est une façon de travailler qui n’appartient qu’à moi, et c’est vraiment génial."

mots confiés à Zoe Ruffner

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