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Marisa Berenson, LA fille des années 70

Marisa Berenson

Crédits photo : Instagram @marisaberensonofficial

Marisa Berenson est peut-être née avec le style dans le sang (elle est la petite-fille d'Elsa Schiaparelli), mais sa propre entrée dans le monde de la mode n'est arrivée que lorsqu'elle a été découverte par Diana Vreeland à l'âge de 16 ans. 

« Elle a posé son regard sur moi et a dit ‘nous devions photographier Marisa’ - et c'était tout », dit le caméléon Marisa, qui a ensuite posé pour les plus grands, d'Irving Penn et Richard Avedon à Hiro et Helmut Newton (sans parler de la couverture de Vogue plus de 20 fois). Ici, elle raconte à Re-SEE ses années de mannequinat dans les années 1970, son amitié avec Halston et parle de l'art de s’habiller pour sortir le soir.

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Instagram marisaberensonofficial

« La mode n'a pas du tout été présente dans mon enfance et personne n'en parlait quand j'étais enfant. Ma grand-mère Elsa Schiaparelli, très présente dans ma vie, n'a jamais parlé de son passé ni de sa carrière. Bien que je sois née à New York, j’en suis partie à l'âge de deux ans. J'ai été élevée en Europe, j'étais scolarisée dans des pensions. J'ai eu une vie très protégée à l'exception de tous ces voyages que j'ai faits avec mes parents où j'ai découvert une autre facette du monde... Mais je rêvais grand ! J'avais l'habitude de découper et de faire d’incroyables albums de mode et de cinéma parce que cela me faisait rêver. Je collectionnais toutes ces merveilleuses images et j'affichais sur mon mur les plus belles actrices comme Audrey Hepburn, Rita Hayworth ou encore Ava Gardner ainsi que des photos de mode. Quand je suis allée à l'école en Angleterre, j'ai commencé à confectionner mes propres vêtements à l'école de couture. Je me souviens d'avoir fait un costume Chanel [inspiration !] et d’avoir porté des chaussures à talons hauts quand j'avais 13 ou 14 ans. Ma mère ne le savait même pas. Je suppose que j’avais ça dans mes gènes, vous croyez pas ?

 

Être mannequin, c’était en quelque sorte un destin. Quand j'avais 16 ans, je suis allée à New York pour la première fois depuis que j'en étais partie. Mon père était malade depuis quelques années et il s'est retrouvé à l'hôpital de New York, alors ma sœur et moi on nous a dit de venir passer Noël là-bas. Un soir, mon père m'a emmenée à un bal, qui était ce grand bal de New York… C'était mon premier bal, et Diana Vreeland était là. Elle m'avait connue quand j'étais très jeune car c'était une amie de ma grand-mère. Elle appelait ma sœur Berinthia et moi la Mauritanie. Elle redécouvrait donc la Mauritanie à l'âge de 16 ans à New York. Elle m'a juste jeté un coup d'œil et a dit  « il faut photographier Marisa ». Et c'était tout. C'est ainsi que ma carrière a commencé. Elle m'a immédiatement envoyée dans les studios de Bert Stern, puis à Paris pour faire le numéro de septembre de Vogue avec David Bailey. C'était le début de ma carrière, qui a démarré en trombe. Malheureusement, mon père est décédé à ce moment-là, alors j'ai décidé de rester à New York pour vivre ma propre vie, voler de mes propres ailes et faire les choses par moi-même. J'ai pris un appartement minuscule. Stuart Models est venu me chercher pour être mon agence, et c’est ainsi que j’ai commencé à travailler et à vivre seule à New York.

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Instagram marisaberensonofficial

Lorsque je vivais à Londres pour étudier le design d'intérieur et l'architecture, j'avais déjà fait une séance photo. À l'époque, quelqu'un m'avait repérée dans la rue et Vogue avait voulu me photographier. C’est comme ça qu’ils ont fait ces photos de moi avec David Bailey. Après ce shooting, je ne voulais pas être mannequin parce qu'il ne m'avait pas adressé un seul mot. Il m'avait juste mise dans le studio avec sa musique assourdissante sans m'adresser la parole. J'étais traumatisée. Je m’étais dit que ce n’était pas pour moi. Mais quand je suis arrivée à New York et que j'ai commencé à travailler sérieusement en tant que mannequin, je me suis retrouvée à Paris avec David et nous sommes alors devenus très bons amis. Nous le sommes toujours. Ensuite, j'ai beaucoup travaillé avec Irving Penn et tous les autres photographes de l’époque, comme Richard Avedon. La crème de la crème. Je travaillais pour Vogue et parcourais le monde sous l'aile de Diana Vreeland, j'étais donc très protégée et très privilégiée je le reconnais. Vous ne pouvez pas comparer ce que c'était à l’époque et ce que c'est maintenant. C'était vraiment, vraiment différent.

 

Il faudrait un livre entier pour raconter toute cette période. Tout est un souvenir fabuleux. J'étais très jeune et j'ai été projetée dans ce monde de la mode, d'une créativité et d'une liberté incroyables avec un mélange de personnes les plus incroyables au monde, que ce soit des artistes, des personnes mondaines, des politiciens ou des stars de cinéma. C'était une période exaltante et très créative où chacun était libre de faire ce qu’il voulait. C’était une époque très libératrice et expressive où si vous étiez original et différent, vous étiez potentiellement plus intéressant que si vous ressembliez à la personne d'à côté. On célébrait la personnalité et l'individualité à cette époque. Nous profitions simplement de la vie, profitions du moment présent, ce qui était fantastique. Travailler dans cette atmosphère était incroyable. Les voyages, les séances photo, voir le monde de cette façon avec tous ces voyages incroyables aux quatre coins de la terre... Je suis désolée pour les jeunes d'aujourd'hui avec tout ce qui se passe. Honnêtement, le monde est devenu si difficile. À l'époque, les portes s’ouvraient trèss facilement et il y avait une vraie joie de vivre, une liberté d'expression, ce qui n’existe plus aujourd'hui.

 

J'ai rencontré Halston alors qu'il fabriquait encore des chapeaux pour Bergdorf's et qu'il venait tout juste d’ouvrir son premier studio sur la 57e rue. Nous sommes devenus des amis très proches. Il était comme mon grand frère. Pour toujours. Jusqu'au dernier jour. Nous faisions des défilés de temps en temps, parfois à la Olympic Tower. Ce n'étaient pas de grands défilés. Halston est la seule personne pour qui j'ai vraiment défilé parce que les défilés n’étaient pas vraiment répandus à cette époque. Ses défilés étaient remplis de ses muses, comme Elsa Peretti, Liza Minnelli, Loulou de la Falaise et Pat Cleveland. C'était des moments très joyeux. Nous allions les week-ends chez lui à la campagne et on faisait la teinture des tissus. Nous avons commencé comme ça. Il m'a même accompagnée à l’autel pour mon deuxième mariage parce que je n'avais plus mon père. Ses vêtements étaient tellement beaux. Ils étaient si joliment coupés. Ils montraient vraiment le corps. Il avait une nouvelle façon d'habiller la femme américaine avec ces merveilleux tissus. Il vous enveloppait simplement dans tout ce jersey de soie qui faisait que tout d’un coup vous étiez divine et digne de vous rendre au Met Ball. Il avait un grand style et une grande élégance, et il adorait la beauté et la classe. Il aimait habiller les femmes très élégantes. Il était si élégant lui-même et avait tant de goût et de raffinement. Il avait un œil et un rêve.

Halston m'a beaucoup habillée. Tout comme Saint Laurent et Valentino. Loris Azzaro et moi aussi avions une relation très spéciale. J'adorais tous ces looks de stars de cinéma glamour des années 30 et 40, alors il me faisait ce genre de robes. Les gens me demandent toujours si j’ai un souvenir en particulier ou une pièce coup de cœur de cette époque… C'est impossible. J'ai tellement de souvenirs et j'ai porté tellement de vêtements. Vous ne pouvez pas en choisir un. Ils étaient tous uniques. Ils étaient tous talentueux. Je me suis amusée à les porter et à travailler avec chacun d'eux. C'était juste un grand privilège de pouvoir vivre à cette époque, d'être jeune et d'être habillée par tous ces gens. Nous avions tous notre propre style. J'avais mon propre style. C’est quelque chose que je ne peux pas expliquer. 

 

En 1984, j'ai écrit Dressing Up: How to Look and Feel Absolutely Perfect for Any Social Occasion. C'était un livre amusant. Quand je le regarde maintenant - à part les photos, qui sont assez kitsch et datant des années 80 avec de grosses épaulettes - tout ce qu'il raconte est toujours d'actualité. Je pense qu’il tient encore la route. Les ressorts de comment bien s’habiller sont toujours les mêmes. Je ne sors plus autant qu'avant, mais quand je le fais, bien sûr, j'aime m’habiller. Ça fait partie de la vie, ça fait partie du fait d’être une femme, ça fait partie du fait d’aimer être glamour, ça fait partie du fun, ça fait partie du respect que l’on porte à soi-même et aux autres d’avoir une belle allure et de se sentir bien... Marrakech (Maroc) où je vis, est très propice au style que j'aime, qui est orientaliste et éclectique, comme on dirait, ou bohème chic. Je suis inspirée ici parce que je peux me déchaîner avec ma créativité et mon look. Quand je suis à New York ou à Paris, ou quand je travaille, c'est évidemment une autre ambiance, plus classique, plus pratique. Mais si je sors le soir, j'adore porter mes turbans, une veste brodée ou une grande belle robe, ou porter des tonnes d'accessoires et de bijoux. Pendant longtemps, les gens ne se sont plus vraiment habillés. Tout le monde se ressemblait, et ce n'était pas franchement amusant. Maintenant, je pense qu’on observe un changement vers plus de créativité, plus d'individualité. Les gens osent plus être qui ils sont vraiment. On assume afficher ses idées, sa personnalité, qui on est vraiment au final... et on peut exprimer tout cela dans les vêtements. »

 

mots confiés à Zoe Ruffner

Image d'une femme avec des sacs à main

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